Je suis sauvage !
Non je ne mord pas, sauf si on vient me déranger dans mon élément naturel !
J'essaie dans la mesure du possible (et je pense que c'est souvent) de ne pas déranger les autres et j'en attends la même chose. Lorsque ce n'est pas le cas, je suis en premier lieu surprise et le temps de me ressaisir la contrariété matinée de colère a pris le dessus.
Mais il me faut bien aller "dans le monde" de temps à autre...
Donc le soir je vais à la piscine du village voisin. C'est une piscine découverte avec quelques cabines pour se changer. Un côté hommes, un côté femmes et enfants. Il y a 6 petites cabines fermées par un rideau ; c'est ancien et un tantinet désuet. Il y a également une pièce collective avec une porte qui ne ferme pas. Comme il y a plus de place c'est là où je me change, la plupart du temps seule mais la présence d'autres personnes ne me gêne pas. Face au mur en deux minutes je suis changée et je repars.
Après mes 2 km de ce soir je retrouve le vestiaire et une porte bloquée par un sac. Je pousse doucement et une dame me dit qu'il y a quelqu'un. Je réponds que c'est un vestiaire collectif et je continue à pousser la porte plus fort pour me rendre compte qu'il n'y a qu'une adulte et deux enfants pour une capacité de 8 personnes.
Mais la personne insiste en voulant me refouler dehors. Oh, je sens mes poils se hérisser !
Elle me dit qu'elle va se mettre nue. Bah moi aussi. Il va me falloir enlever le maillot !!!
Elle insiste en me disant que je pourrais respecter son intimité. Si elle veut son intimité, elle va dans une cabine individuelle, ici c'est un vestiaire collectif.
J'ai entre-temps repoussé la porte, posé mon sac sur le banc dans le coin opposé et commencé à enlever mon maillot 1 pièce en deux temps, histoire de ne pas en rajouter, en ne lui offrant qu'un dos butté et... bronzé !
Mais elle n'en démordait pas, ajoutant qu'ils étaient trois et que j'étais toute seule, qu'on avait toujours respecté son intimé, sous entendu cédé la place (si les autres veulent s'écraser, c'est leur problème).
J'avais déjà enfilé le haut lorsqu'elle a ramassé ses affaires tout en maugréant et bien rouvert la porte qui se refermait toute seule; histoire que ce vestiaire soit encore plus collectif je suppose !!! "Quelle intelligence !" fut ma réponse à ce geste provocateur car face à de telles personnes j'ai du mal à ne pas vouloir avoir le dernier mot.
Avant que je ne sorte d'autres personnes sont entrées pour se changer et il n'y a eu aucun problème.
Cela fait enfantillage et n'est pas digne d'une presque quincagénaire, n'est-ce pas ! Mais à ceux qui pensent que mes cheveux poivre et sel vont de paire avec la douceur d'une petite mamie, ils se trompent à ne pas voir en moi encore des révoltes adolescentes mal digérées !
Bien sûr cette histoire a miné toute ma soirée et réduit à 0 le bénéfice de mes longueurs. Je me repasse le film de l'incident en me demandant ce que j'aurais du faire. Evidemment j'aurais pu faire demi-tour avec un pardon murmuré et attendre qu'une des cabines individuelles se libère pour me contorsionner à l'intérieur. Eh bien NON, c'est trop facile !
Autre épisode de révolte toujours en fond aquatique.
La veille, avec la canicule, il y avait encore un monde fou à la piscine à 19h. Le pauvre couloir de nage était parsemé de "méduses" qui n'alignaient pas trois brasses d'affilé. J'ai failli renoncer à faire mes longueurs sachant qu'il y aurait de la casse !
Et puis après tout c'est un couloir de nage, tout le reste de la piscine est prévu pour barbotter, pourquoi devrais-je partir, donc...
Je sais aussi que les maîtres-nageurs ne prennent pas parti, sinon ils ne s'en sortiraient pas.
Donc je m'élance bien décidée à assommer sur mon passage.
Comme je ne suis pas aussi méchante que j'en ai l'air, j'ai zigzagué pas mal pour éviter les obstacles en espérant que les "méduses" comprendraient qu'il leur fallait changer de murs. Pas toutes.
Puis un monsieur est venu nager également, en brasse. La règle dans un couloir c'est de nager à droite pour ne pas percuter celui qui vient en face. Peut-être ne connaissait-il pas sa droite ?
De plus nageant la brasse il se positionnait au milieu du couloir sans déroger de sa ligne alors qu'il a plus de visibilité que moi qui crawle : ce qui occasionnait des chocs même lorsque je rasais le mur ou débordait sous la ligne.
Nageant plus vite que lui j'étais obligée de le doubler sur certaines longueurs. Mais je n'ai pas un turbo donc il me faut quelques mouvements pour le dépasser, il en profitait pour accélérer ou pour se décaler de mon côté pour m'empêcher de passer ou ralentir lorsque je ne pouvais pas le doubler car une personne arrivait en face.
J'adore ce genre de personnage. Grrrr !!!
Mais je l'ai eu à l'usure car il ne tenait pas la distance. Niark, niark !
Vous allez me dire que si c'est comme ça que je traite le genre masculin je vais continuer dans la voie de la solitude. C'est bien ce que je crains...
Mais de toutes façons que ferais-je avec quelqu'un qui ne supporterait pas d'être parfois dépassé pour mieux me dépasser par ailleurs ?
Alors la misanthropie ? Je crains de supporter de plus en plus mal toutes ces "agressions".
En fait ma colère vient du fait que je m'oblige à suivre des règles de conduite que certains autres prennent un malin plaisir à transgresser. Je dis malin plaisir car il y a la volonté de nuire. Ce qui était le cas de ce nageur. Ces agaceries ne le faisaient pas nager plus vite ou mieux.
C'est une contrainte de suivre une règle et donc pourquoi devrais-je me contraindre et pas les autres ???
Tout le fondement de l'humanité et de ses dérives... Molière au secours...
Demain je retourne nager...
Alceste ne négocie pas. Il condamne et fuit la société qui l’entoure, celle des hommes, civilisés ordinaires ou barbares mondains. Il juge ses congénères, leurs codes, leurs règles, leurs convenances. Dans chaque geste de civilité, dans chaque relation sociale, il lit un manque de loyauté, une peur de la vérité et le goût de la vanité. Il paye son exigence au prix d’un paradoxe douloureux : il aime la femme la mieux intégrée dans la haute société, la mieux adaptée à la compagnie des intrigantes versatiles. Belle, brillante, Célimène négocie avec le monde des conventions. Elle, l’acceptation de la légèreté dans les choses humaines, s’oppose à l’intransigeance définitive d’Alceste. Autour, Philinthe et Éliante se marient, commerçant sans mal avec les travers de leur monde policé. Les marquis, Oronte comme Célimène alimentent leurs théâtres de représentations nécessaires, tandis qu’Arsinoé, misanthrope à sa manière, prude et acerbe, se résigne au vieillissement et à la solitude. Alceste enfin, l’honnête homme, fuit la société de ses pareils si dissemblables pour chercher sur la terre un endroit écarté « où d’être homme d’honneur on ait la liberté ».
Pierre Notte