Comment en suis-je arrivée là ?
Après avoir refait les chambres des filles ici et là, il est grand temps que je pense à la mienne. La couleur ne va pas changer : je vais rafraichir le blanc et peut-être enfin faire les pochoirs en haut des murs (toujours mon envie de maison grecque). C'est surtout pour changer le revêtement de sol. Adieu la moquette premier prix usée et trouée devant la porte fenêtre. Pose d'un sol plastifié. Lequel ? Je ne sais pas encore. Sauf que je vise le luxe : le faire poser !
Mais des travaux dans ma chambre imposent que j'émigre vers une autre chambre, donc celle d'une de mes filles et que je puisse déménager tout mon foutoir univers dans l'autre ; pas de chambre d'ami dans ma petite maison (et pour cause lire ce qui suit !!!). Donc il faut viser une période de vacances scolaires où mes demoiselles partent dans une autre maison...
Puis il faut une semaine pas trop chargée au boulot pour poser quelques RTT, le WE ne suffisant pas à tout ce chambardement.
Quelques jours pendant les vacances de Toussaint pourraient être le bon moment mais...
Il faut vider ma chambre et mon boudoir créatif !
Tous mes tissus, livres, magazines, boites et caisses demandent de nombreux va et vient mais rien d'insurmontable. Le déménagement de l'ordi et de son environnement doit être fait avec précision pour savoir rebrancher tous ces cables mais j'y suis déjà arrivée. Le démontage des plans de travail exige un bon tournevis, puisque je n'ai pas de visseuse-dévisseuse. Aurai-je le courage de démonter les étagères pour peindre plus facilement des murs qui seront à nouveaux recouverts ? Je pense que là je vais faire preuve de fainéantise !
Pour le matelas je devrais pouvoir le mettre sur la tranche et le faire glisser, avec un peu de chance le sommier devrait suivre le même parcours. Les petits meubles alors sembleront d'une facilité à déplacer !!!
Le plus difficile, et pour le moment sans solution, est le déplacement de la bonnetière. Seule je ne vois pas comment me débrouiller. Vider l'armoire (maintenant qu'elle est bien rangée, grr !) je saurai faire mais pour le reste ??? Elle est particulièrement lourde. En fait la porte avec le grand miroir la fait basculer à vide. Elle est très haute puisqu'il reste 1 cm entre le chapeau et le plafond ! Même à deux cela me semble difficile.
Et voilà pourquoi je me demande comment j'en suis arrivée là.
N'avoir personne à qui demander un coup de main.
Il y a quelques années il me suffisait d'exposer mon problème avec un sourire et j'avais l'aide souhaitée.
Il est vrai que je n'abusais pas, aimant par-dessus tout me débrouiller seule.
Mon piano droit de l'époque, arrivé de Paris, a gravi sans problème les quatre étages d'un escalier en pierre sans palier, porté par des copains du travail. Une soirée improvisée pour remercier et passer un bon moment et j'avais toute l'aide voulue.
Mais voilà il y a 20 ans je quittais la Haute-Savoie où j'avais commencé ma vie d'adulte et mon environnement amical fondait comme neige au soleil.
Un rapide tour par Paris où je n'ai pas retrouvé les copains d'enfance de ma banlieue. Une dizaine d'années les avaient dispersés.
Quelques copains via le travail de mon mari dont certains nous ont suivi sur Toulouse dans une même mutation.
Maman au foyer, mes connaissances se sont limitées au monde du travail de mon mari. Puis le divorce, la vente de la maison, un autre village. Les quelques mamans-copines si peu connues n'ont pas tenue la distance. Quant aux "amis" du travail de mon ex, ils ont du faire un choix : la "remplaçante" qui était aussi dans la même société que lui ou moi ! Je crois que j'ai fait le choix avant eux. Disparition.
Lorsque j'ai déménagé après la construction de ma petite maison, ce sont des amis à mon Papa qui ont porté les meubles que je ne pouvais porter. Pour le reste j'ai serré les dents et pris des biceps. Version déménagement 3e âge ! J'exagère il y avait un fils enrôlé !!!
Les années passent. Centrée sur les filles et mon petit univers créatif, je laisse défiler les jours.
Une rencontre, de nouveaux amis, des moments partagés, une ébauche de vie sociale "normale" puis la séparation ; séparation qui a mis de la distance avec ces nouveaux copains qu'il m'aurait été trop douloureux de continuer à fréquenter. Protection.
Et les années défilent à nouveaux. Les filles toujours, un boulot prenant dans une petite structure qui ne permet pas les rencontres. Les collègues au boulot ne me sont pas assez proches et ont une autre vie éloignée de ma banlieue sud pour que je leur demande ce service.
Et puis je suis à part, celle qui est seule donc je me limite à demander parfois un conseil côté informatique (c'est leur domaine) et j'en reste là.
Mon Papa qui a palié le plus souvent possible à cette désertification de bras secourables ne peut pas m'aider cette fois.
Il me reste à monnayer ce service ! Je dois avouer que mes finances et mon état d'esprit ont du mal à s'accommoder de cette démarche. Que ne vais-je être obligée de monnayer d'autre ???
Je ne sais si j'ai fait le vide autour de moi ou s'il s'est fait tout seul par la vie que je mène. De plus en plus habituée à me débrouiller par moi-même je ne sais même plus demander un service. Je propose les miens avec plaisir mais je passe outre le fait de le demander.
Je vais peut-être mettre un tapis sur le trou de la moquette et profiter de mes RTT pour tirer l'aiguille...