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30 janvier 2010

Un demi siècle !

ATTENTION
Billet long et peut-être dérangeant.

Eh bien voilà j'y suis !

Cela me pendait au nez depuis quelques jours et hier j'ai franchi le cap de la cinquantaine.

Cela s'est fait dans l'indifférence générale ou presque. Enfin pas vraiment, heureusement qu'il y a le Net et tous les sites où l'on a laissé parfois sa date de naissance qui ont leur petit billet automatique d'Happy Birthday !
Il y a aussi les forums où l'on vous souhaite très gentiment un nouveau printemps !

Pas de fête programmée 3 ans à l'avance (avec les connaissances pas revues depuis la maternelle), pas d'annonce dans la presse (celles qui lisent Gala ou Voici, vous n'avez rien lu ?), pas de souhaits au boulot, un SMS de mon père, un coup de fil de mes filles à l'heure de mon premier cri.

Une journée de travail ordinaire avec son lot de tâches du dernier moment car c'est le dernier jour du mois et l'heure des comptes (sens propre et figuré) et bien sûr la dernière à partir ce jour-là, c'est moi !

Un coup de fil aux filles, avant de mettre l'alarme, pour dire que je serai en retard. Je sais qu'elles avaient prévu une petite fête. Elles avaient voulu rester ce vendredi soir alors que c'est un WE du Papa. Je comprenais leur joie des préparatifs d'une surprise mais pour être honnête j'envisageais une rentrée dans une maison solitaire où je n'aurais plus aucun effort à faire pour offrir le visage enthousiaste qui est le mien pendant 10 heures puis qui "sauve les apparences" quelques heures encore et qui se referme sur moi le reste du temps. Je m'en veux de ces pensées mais elles s'imposent à moi.

Et pourtant ce visage je suis allée le chouchouter entre midi et deux : soins aux huiles essentielles bio. Mais si, bio, c'est mieux !!! J'ai regardé le avant-après dans le miroir : le manque de différence doit être dû à ma légère myopie agravée du début de presbytie ! Ce n'était pas désagréable (juste que c'est difficile de se laisser aller !) et je me doutais bien que je n'allais pas grignotter cette dizaine supplémentaire mais il y a toujours une sorte d'espoir : on dirait que je serais plus jeune, plus belle...

Cette fête que prévoyaient mes filles je me doutais qu'elles la prépareraient avec mon père et son amie. En arrivant pas de voiture derrière mon Espace-débarras. Déçue ? Oui et non. Me dire qu'il s'était contenté d'un SMS me surprenait un peu mais vu que le Noël d'il y a deux ans je n'ai pas eu le moindre cadeau de sa part, pas même une petite carte pour me souhaiter un joyeux Noël (que j'ai pourtant cherchée partout sous les meubles de chez son amie, pensant qu'elle avait glissé). Oh je ne suis pas une pauvre fille abandonnée ! Sa participation dans le financement de ma maison est une avance de gros cadeaux jusqu'à la fin de mes jours et j'ai toujours été gâtée mais ce "rien" innattendu est une plaie à vif. Disons que le nombre de personne pour me faire des cadeaux étant très limité, un manque d'attention fragilise la valeur que j'espère avoir aux yeux des autres. Et comme cette valeur est déjà tellement raffistolée, recollée, il y a même des morceaux que je n'ai jamais retrouvés ou jamais eues...

Je rentre à la maison et là toute la fatigue me tombe dessus.

J'ai remarqué cela depuis quelques temps. Le trajet en métro se fait dans un flou où j'essaie de faire abstraction de l'entourage dérangeant (personnes qui s'étalent, qui parlent fort, qui partagent avec les autres leur amour de la "musique") en me plongeant dans mon bouquin et en me faisant petite sur mon siège. Même si je rêve d'invectives cinglantes de remise en place, voire de coup droit-revers définitifs envers les malotrus !
Le trajet en voiture, seule, me permet de faire une pause. Si je récupère mon Ado Préférée, les prémices de cette fatigue sont dans ma façon de lui répondre. Je reprend mon rôle de Maman qui doit prévoir, organiser, décider, corriger. Je n'arrive déjà plus à avoir le sourire de circonstance des 10 heures précédentes.
L'arrivée à la maison est à nouveau l'immersion dans ce monde où je dois à nouveau tout contrôler sans pouvoir partager une partie de la tension de la journée. Et mes journées sont chargées. Je me sens comme un rond point (imaginez la place de l'Etoile tant qu'à faire !) où arrivent toutes les demandes et où doivent repartir toutes les réponses. Il y a des embouteillages, des accrochages, des froissements, des mauvais conducteurs mais en tant que rond-point de la place de l'Etoile il faut que tout circule à nouveau. Et là je m'étonne souvent de ne pas laisser cours à ma nature agressive qui aurait le verbe haut et intransigeant.
Mais évidemment les sourires, les "attends, je vais me débrouiller" je les retrouve en tas devant ma porte et ils me bloquent le passage à un monde de douceur et de sérénité.
Je ne sais pas effacer l'ardoise chaque soir et repartir sur une surface propre. Il me reste des poussières qui finissent pas ternir le tableau. Ah pouvoir le nettoyer à fond et y inscrire en belles lettres cursives "Bonnes Vacances" !

Donc je pousse la porte, je remarque les lumières tamisées des bougies, (mon côté bougies déteind sur mon aînée), la pochette de l'APN de mon père et les 5 couverts sur la table bien qu'il n'y ait que mes filles pour m'accueillir. Mon Ado Préférée m'apporte vite un verre de coca, heureusement que je ne carbure pas au whisky le soir !
Puis mon père et son amie sortent du coin chambres pour la surprise.
J'ai du décevoir leurs attentes à tous mais je n'ai pas su jouer l'enthousiasme débordant. Je me sentais un sourire bien pâlichon sur les lèvres. J'ai pensé que du coup je ramènerai les filles à leur Papa un peu plus tard ce soir par rapport à ce qui était prévu. Organisation quand tu nous tiens. C'est sans doute ce qui permet à l'ensemble de ne pas s'écrouler. Tant que je me pose la question de savoir si les filles ont bien mis dans leur sac du WE tout ce dont elles ont besoin pour le ski du lendemain et les devoirs de la semaine c'est que je tiens le coup !

L'ouverture des cadeaux, l'inquiétude de mes filles de savoir si leurs cadeaux vont me plaire. Un parfum de mon père (sur le conseil de mon Ado Préférée) la saison 2 de Dr House et la 4 de Lost de mes filles pour mes soirées solitaires (et leurs ordis perso lorsque Maman n'est pas à la maison) et un petit porte-monnaie, du sent-bon pour le linge et un savon de l'amie de mon père accompagnée d'une carte reprenant une de ses peintures.
L'apéritif où je n'ai pas quitté mon fauteuil, un passage à table pour la suite et le gâteau sans bougies. Des filles qui faisaient la navette entre leur chambre (ou plutôt leur ordi) et la table (après demande autorisée) fuyant nos conversations qui devenaient trop sérieuses. Mon évocation baclée de ce mal-être et de cette notion d'échec qui n'avoue pas son nom à un père qui se sent sans doute sans solution et qui n'aime pas que sa fille se laisse aller dans ses délires sans queue ni tête. C'est vrai que mon discours partait un peu dans tous les sens et que mon argumentation était médiocre. Je sentais les limites de la situation et j'aurais du reprendre mon visage des 10 heures.
Les conseils de "voir des gens" de son amie me sont bien connus. Mais je ne vois pas quand je pourrais mettre cela en application. Voir des gens cela veut dire attendre quelque chose d'eux : une attention, une reconnaissance, par expérience je connais les déceptions d'une telle attente. J'ai fait partie de clubs de gym, de cours de danse, de théatre, de club de tennis, de ski, d'escalade, je suis partie en vacances avec l'UCPA, les Glénans.... Je préfère maintenant les frémissements de plaisir à l'écoute d'un concerto de Rachmaninov, aux accords d'un Chopin que j'écouterai au volume idéal, seule sans déranger personne. Bien sûr à ce moment-là j'aimerais partager ce ressenti avec quelqu'un qui serait au diapason de mes émotions. Mais c'est du domaine du rêve... ou des films au cinéma !
Je préfère mes points sur des tissus de coton, de toiles de lin, avec des bouts de laine qui n'ont aucun intérêt autre qu'à mes yeux et dont l'amoncellement dans l'inutilité frise le ridicule.
Je préfère maintenant mes rêves d'un "autre chose" qui ne prennent pas le risque d'être déçus, qui pourtant s'estompent de plus en plus : pour rêver il faut un peu de matière première et je sens que mes souvenirs ne suffisent plus à mon imagination.
En fait ce n'est pas "je préfère" mais "j'en suis réduite à préférer" parce que je n'ai pas su faire autrement.
On me rétorquera que l'on peut aussi apporter quelque chose aux autres pour se sentir exister. Je suis la première à me mettre en quatre pour donner un coup de main, à proposer mon aide soit parce que je sais le faire et le montrer est exister, soit parce que je veux me sentir utile (avec une envie d'indispensable) toujours pour la même raison.
Mais je suis consciente de cela et je sens que d'autres aussi et que cela joue contre moi. Comme je ne sais pas faire autrement je préfère me retirer.
Je ne crois pas au bénévolat désintéressé. On vient forcément y rechercher une justification à son existence.
De toutes façons je ne chercherais pas des copines pour faire la "teuf" en ville, ni une bande de copains qui pensent à moi pour une virée à la montagne. J'ai fait tout cela, j'en connais les limites. J'espère juste "quelqu'un".

Il y a deux Noël, lors du repas après avoir cherché partout la marque d'attention paternelle, j'ai eu un coup de grisou et j'ai lâché, après que l'on ait abordé le sujet de ma vie solitaire, que de toutes façons je ne me voyais pas continuer cette vie-là bien longtemps. Devant les demandes de précision, j'ai laissé entendre que lorsque j'en aurai assez de rajouter un jour après l'autre je ferai ce qu'il faudra (juste que pour le moment je ne sais pas bien comment m'y prendre pour que ce soit propre, net, sans bavure !) Evidement j'ai jeté un froid comme je suppose j'en jette un, là !
Le suicide n'est pas une lâcheté pour moi. De là à dire que c'est du courage, non plus, bien qu'il en faille pour passer à l'acte surtout si l'on veut protéger ceux qui restent. J'estime que c'est ma vie et que j'ai le droit d'en faire ce que je veux à condition de ne pas mettre les autres en danger. Je ne me sens pas indispensable (malgré l'envie évoquée plus haut) et je crois que je n'aimerais pas l'être, juste en avoir l'illusion. Mais ma vie m'a montré que ce n'était pas le cas : si facilement remplaçable. Sans doute me suis-je aussi arrangée pour que les autres ne me soient pas indispensables. Indépendance à tout prix... et à quel prix !

Cette pensée radicale ne m'a pas quittée. Je dirais qu'elle m'accompagne, qu'elle est comme une bouée de sauvetage lorsque je n'arriverai plus à écoper suffisamment pour que le bâteau ne coule pas tout à fait.
Je continue d'écoper en me plaignant de la qualité de l'écope et sans doute en ne laissant pas la place à une seconde écope de secours. Non, c'est remettre le bâteau à flot ou rien du tout qui m'intéresse ! Mais comme on n'a pas toujours les moyens de ses envies, je continue à rejeter l'eau par-dessus bord...

J'aime bien les images. Elles m'empêchent de me prendre trop au sérieux mais elles ne changent rien à l'affaire.

A 22 heures mon père et son amie partaient avec les filles pour les déposer chez leur Papa.
J'ai allumé la TV, calée dans le canapé devant Gibbs et j'ai considéré que c'était un vendredi début de WE sans les filles comme les autres. Quelques minutes plus tard, je m'endormais sur la télécommande. Je n'ai jamais vu la fin de l'épisode ! J'ai fait pire dans la semaine, je me suis endormie devant Nicolas Cage un muffin à la main, (moi pas lui). C'est dire le niveau de fatigue et surtout le relâchement devant le petit écran qui n'est qu'une succession d'images devant mes yeux que j'aurai oubliées si vite, surtout pour les séries qui ne font que reproduire la précédente mais que je veux à tout prix regarder, enfin certaines !

La mémoire ! Elle me fait de plus en plus défaut. Les travers de la cinquantaine, le début d'Alzeimer ? Dans la journée des milliers de pensées me traversent (comme vous) et il y en a un certain nombre qui loupent l'aiguillage. A la maison cela me faisait sourire de me retrouver dans la cuisine en me demandant ce que j'étais venue chercher, au boulot cela m'inquiète de ne pas retrouver le papier que j'avais en main il y a 5 mn avant que je réponde à Pierre, que j'aille voir Paul et mardi dernier cela m'a carrément angoissée.
Je laisse ma voiture sur le parking d'un super-marché. Je suis bien garée entre les lignes. Au retour la voiture avait avancé toute seule. Passé le moment d'incrédulité où l'on évoque les petits hommes verts, puis l'agacement envers un automobiliste qui aurait oser pousser ma KANGOO, on se rend compte que l'on n'a pas serré le frein à main. Le choc ! Je me targue d'être une bonne conductrice qui sait se sortir de toutes les situations, qui connait la conduite sur le bout des doigts et des pieds et j'oublie le frein à main pourtant particulièrement imposant sur la KANGOO !!! La honte !
Alors je commence à douter de tous mes faits et gestes. Je ne peux plus me faire confiance !

L'autre travers de la cinquantaine : la dextérité.
Il y a quelques années j'ai eu des crises dues à des problèmes de canal carpien. Passées les nuits de douleurs à se taper les mains contre les murs ou à les mordre, une infiltration a eu raison du mal. Il me reste les fourmis qui dorment avec moi chaque nuit... à défaut...!
Le spécialiste que j'avais consulté et qui m'avait fait l'examen hautement agréable des petites aiguilles avec les courants électriques en avait déduit que l'opération n'était pas nécessaire puisque je ne faisais rien. Je n'étais qu'une maman solo qui faisait du piano, des travaux d'aiguille et la remise en état d'un terrain caillouteux (c'étaient d'ailleurs ces travaux lourds qui avaient déclenché les douleurs) puisque je ne "travaillais pas" (à l'époque). Un spécialiste de la torture et du dénigrement féminin. Un homme quoi !!!
Depuis je surveille mes mains traquant le moindre fourmillement inhabituel. La crise s'étant déclenchée essentiellement dans la main droite, c'est là qu'a été faite l'infiltration. Pour la gauche les anti-inflammatoires ont suffi. J'ai gardé les fourmillements nocturnes puis des fourmis à résidence dans le petit doigt et en location saisonnière dans l'annulaire. Sur les touches blanches et noires je sentais bien une préhension amoindrie mais je ne fais plus autant d'exercices que dans mes jeunes années d'apprentissage et j'en déduisais le déclin de ma vélocité.
Un soir avant de m'endormir devant une de mes séries TV j'ai le pouce de la main gauche qui s'est coincé à l'intérieur de la main. Ma volonté et ma concentration ne pouvait le faire bouger. Pas de douleur mais j'ai du lui faire reprendre sa place avec l'autre main. Je l'ai fait bouger sans problème jusqu'à ce qu'il se coince à nouveau.
Cela s'est reproduit à d'autres moments. Lors d'une visite chez le docteur j'évoque la chose. Bien sûr aucun problème à ce moment-là. Il me dit que c'est peut-être un nerf dans le coude qui se bloque et me donne une lettre pour un autre spécialiste. Mais j'ai une façon de présenter cet état qui lui laisse entendre que ce n'est pas bien grâve. J'ai toujours la lettre et je n'ai pas vu le spécialiste. Pourquoi ?
Pas le temps pour trouver un rendez-vous. Pas envie d'un examen aussi "agréable" que la dernière fois. Rester sur ma position et ne pas avoir la confirmation que la machine est en train de se détraquer. Perdre l'usage de mes mains est une chose que je refuse d'imaginer. Mes jambes non plus d'ailleurs. Un fauteuil roulant sans personne pour le pousser !!!! Oui je sais maintenant ils peuvent être électriques. Etre dépendante...
Pourtant il va falloir savoir car je lâche parfois un objet ou plutôt il m'échappe sans que j'en ai vraiment conscience, les successions rapides de notes me font survoler les touches plutôt que les enfoncer, je triture mon bout de tissu et mon aiguille avant de piquer à ma volonté. L'équilibre sur un pied sous la douche est parfois un peu précaire ! Ces petits détails que l'on ne remarque pas au début et qui peu à peu prennent une telle importance que l'on hésite à accomplir une tâche.

Ma mère a une sclérose en plaque découverte lors de ses 38 ans et donc de mes 8 ans. Ma mémoire n'en a retenu que des troubles de la vision, d'équilibre et de perte de sa dextérité vu qu'elle était couturière. Mon père nous a préservé de cette maladie. Ma mère en maison de retraite spécialisée depuis quelques années ne sait pas sa maladie et je n'ai pu mettre un nom sur "sa grande fatigue" qu'à mes 32 ans lors de l'imminente naissance de mon Ado Préférée où j'ai osé poser la question directe à mon père. Lors de la découverte de la maladie on savait peu de chose sur elle et il a géré tout seul ce bouleversement de notre vie familiale. En effet selon l'évolution de la maladie il était très envisageable qu'il se retrouve veuf sous peu avec une petite fille. Nombre de ses projets ont été stoppé net. Je suis devenue peu à peu la grande et Maman celle qu'il fallait protéger, accepter ses humeurs pas conciliables avec celle d'une ado qui enfin sortait de sa coquille. J'ai préféré laisser mon père gérer tout cela et mettre de la distance pour me protéger en solitaire. Je découvre la relation mère-fille avec les miennes.

Mais l'hérédité reprend ses droits. Je constate jour apres jour dans le miroir cet affaissement amer de la bouche et l'affinement des lèvres qui disparaissent si un sourire ne vient pas les ouvrir, ces plis de méchanceté sur les joues et ses rides de froncement de sourcils. Et pourtant comme chez ma mère il y a ces sillons d'expression au coin des yeux qui sont la trace d'éclats de rire anciens. Il y a aussi ses yeux gris bleus chez elle et verts chez moi qui faisaient notre beauté et dans lesquels je ne retrouve plus d'éclat. Ma mère était jolie, un petit air de Romy Schneider. Très peu maquillée et toujours coiffée. Lors de ma dernière visite à sa chambre, il y a cette dent cassée sur le devant, les joues qui s'affaissent à la suite de tout le corps, les cheveux rares et les propos identiques à la fois précédente où il y a confusion avec ma cousine, sa filleule et moi quand je n'ai pas le nom d'un des chiens que nous avons eus. Mes visites qui se font rares pour préserver l'image de ma mémoire défaillante et me protéger de ce qui est et qui m'attend. Bien sûr la maladie et la douleur sont passées par là, mais aussi la rancoeur, le repli, l'abandon. Je me sens glisser vers un état proche, même si je nage mes deux kilomètres, même si je m'étire en écart facial (en serrant les dents), même si j'ai une sorte de vie sociale avec le boulot, mes concerts de piano, même si je continue à "créer" de mes dix doigts alors qu'elle a abdiqué lorsqu'elle a senti qu'elle ne pouvait plus faire "comme avant". Plus de couture, plus de dessin (son joli coup de crayon a sauté une génération), plus aucun moyen de sortir d'elle ce qu'elle ressentait. Je lui en veux beaucoup de cette démission. Elle s'est refermée peu à peu dans son monde sans nous (me) laisser le moyen de l'atteindre alors j'ai fui ; j'avais sans doute le sentiment de choisir et non de subir.

Je peux encore bouger mes doigts puisqu'ils pianotent sur ce clavier depuis un bon moment mais je pressens ce glissement vers une non-vie et je sais que je ne l'accepterai pas.

Lorsque je pensais vieillesse je n'imaginais pas cette petite déchéance sournoise. J'ai eu la chance de connaitre longtemps mes grands-parents maternels et paternels. Je les ai toujours vu "vieux". Ils avaient le pas plus lent, les gestes mesurés ; l'intérêt et la fierté de l'enfant que j'étais, était de pouvoir faire à leur place. Leurs visages étaient ridés mais c'était leurs visages et bien que les ayant vus jeunes sur des photos sépias, ils n'étaient pas mes grands-parents sur ces images.

La chirurgie esthétique pour tenter de réparer cacher les outrages du temps m'a toujours contrariée. Je n'aime pas tricher. Mais je comprends maintenant l'envie que l'on peut en avoir en simulant ces étirements sur la peau de mon visage devant le miroir. Mais franchir le pas !!!

L'aspect de mon visage aurait-il eu autant d'importance si j'étais encore en couple ? Sans doute pas. Bien sûr j'aurai vu les marques disgracieuses et j'aurais espéré la négation ou la minimisation dans les propos du compagnon mais il y aurait eu les mêmes signes ou presque chez lui. Une sorte d'équilibre. Même si vieillir chez un homme n'est pas aussi dérangeant que chez une femme.
Là, mon visage, ma silhouette sont mon passeport vers de nouvelles contrées et j'ai le sentiment d'être périmée.
Imaginez que je me demande si ce serait de bon ton de me racheter de nouvelles converses ? Plus de mon âge ??? Je plaisante mais à peine...

Vous allez me dire : "Mais tu n'as que 50 ans, ce n'est pas la fin du monde". Evidemment j'en suis consciente, il y a pire. Mais me dire que tout va bien n'aide pas ceux qui vont "vraiment" mal à aller mieux.
Certains penseront que je m'étale, que je livre mon intimité à tous. Oui sans doute un peu. Je reste si souvent sans parler, que parfois cela déborde et ce matin, partie pour un petit billet, je me retrouve à approfondir mes propos et encore je n'ai pas tout dit !!!
Premièrement, ici c'est mon domaine, tout le monde peut y venir, personne n'est obligé d'y rester. Ensuite je ne suis pas la seule à avoir 50 ans et les inquiétudes qui vont avec. C'est toujours agréable de lire les témoignages des autres et cela permet de comprendre, de s'ouvrir, de relativiser.

Je crois que je vais aller faire un tour dans un magasin de tissus (je n'ai besoin de rien, mais on ne sait jamais) avant les courses du WE. J'ai passé l'heure de la piscine (il reste demain pour les bonnes résolutions !) et il y a du gâteau d'anniversaire à finir. Pour la silhouette-passeport, ce n'est pas gagné !

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Commentaires
P
Je venais de t'écrire un long commentaire et pff ! envolé, sur cet ordi sans souris, je suis maladroite !<br /> Je te souhaite un bel anniversaire ! c'est beau d'avoir 50 ans, j'en ai très bientôt 10 de plus et je trouve que cela est toujours beau, malgré les rides, les kilos, les soucis de santé etc... je t'assure, je sais de quoi je parle surtout en ce moment... je comprends que tu aimerais avoir quelqu'un, c'est inscrit dans le coeur humain ce besoin là ! mais garde espoir...<br /> J'aimerais tellement pouvoir t'aider,mes mots sont bien faibles et limités, hélas !<br /> Tu es une belle personne dans tous les sens du terme, tu es douée,intelligente,sensible et tu as l'amour de ton père et des tes filles, c'est très précieux !<br /> Jette cet ouvrage cousu de gris et de noir et colore ton monde comme tu sais le faire ! <br /> J'aimerais te donner la joie, le bonheur, la gaieté, la paix , la sérénité, l'espérance... mais je ne le peux ! crois-y et lève tes yeux et ton coeur vers le ciel !<br /> Je t'embrasse bien fort !
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C
Bonsoir Sylvie (et bon annif en retard !),<br /> <br /> Première fois que je laisse un commentaire chez toi et simplement l'envie de te dire que tu as eu bien raison de déballer ce qui te bouffe dans ton billet. Ca fait du bien et je ne t'ai pas trouvé impudique, plutôt touchante. <br /> Si ça se trouve, rien que de l'écrire ça t'a fait du bien...<br /> Je te souhaite une belle cinquantaine sereine :)<br /> <br /> <br /> nb : je vais avoir 35 ans cette année et je vais régulièrement me coucher à 21h30 ;)<br /> <br /> nb2 : je retiens le 1% de réclamations cité par Casa à titre de thérapie personnelle :D
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E
50 ans c'est une étape certes... mais comme j'aimerais pouvoir encore en être là...!!! aïe aïe aïe !!! C'est un très bel âge je t'assure, on a acquis l'expérience, on est plus sûre de soi, mais on a aussi du temps pour bien des projets, bien des aventures et puis c'est quoi un chiffre... oublie le compteur, souris à la vie, elle te sourira, il faut l'aider un peu... si si c'est vrai.<br /> Très gros bisou / Monique
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F
j'ai lu ton message en long et en large que je partage d'ailleurs...c'est parfois difficile, plus facile aussi....mais chacun est différent devant le même désarroi, le même problème... j'ai pris beaucoup de recul mais c'est vrai qu'il y a des jours faciles de retomber....tu as le mail du blog pour me contacter si tu veux...nous avions conversé il y a longtemps au tél....ça ne résoud rien mais ça fait bcp de bien..<br /> A bientôt alors Sylvie...avec un grand plaisir.
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C
Bonsoir et BON ANNIVERSAIRE ! nous avons le même âge...eh bien je travaille aussi, je m'écroule de plus en plus tôt sur le canapé, j'oublie aussi plein de choses...(le frein à main il n'y a pas longtemps), je veux tout gérer du mieux possible à la maison et au travail et c'est de plus en plus fatiguant, je me force à faire du sport( je nage moins de 2 kms), je tricote beaucoup moins, je brode de moins en moins, je lis beaucoup (ce doit être moins fatiguant !!)je travaille en milieu hospitalier et je vois des situations tragiques...alors je me dis qu'il faut profiter de ce qui s'offre à nous et quand le moment de la déchéance arrivera, oui il faudra agir!mais nous avons encore de belles années devant nous, c'est sûr !!<br /> Bon courage et bravo pour tout ce que tu fais !<br /> claudine
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