... ne suffisent plus à effacer la peine d'un enfant.
Voir ses enfants grandir c'est se rendre compte que les bisous magiques ont de moins en moins de pouvoir. Bien sûr il faut continuer à les distribuer sans retenue mais ils n'ont plus la faculté d'effacer la douleur comme par miracle.
Le Papy paternel de mes filles est parti.
Depuis plus de 2 ans il combattait un crabe particulièrement vorace. Jusqu'au bout il a lutté pour profiter au mieux de chaque instant, surprenant le corps médical par sa résistance.
Mardi soir le Papa de mes filles m'a appelé pour m'annoncer que c'était fini. Mes filles savaient que ce n'était plus qu'une question d'heures mais annoncer cela à son aînée à son retour tardif du cours de danse puis à sa petite le lendemain matin avant de partir travailler ne laisse pas le temps d'un long câlin qui n'a, de toutes façons, plus le réconfort d'antan.
En plus je les laissais livrées à elle-même ou presque puisque dans la journée la petite devait être récupérée par l'épouse de leur Papa et la grande le lendemain matin pour partir toutes les trois en Haute-Savoie où le Papa était déjà depuis quelques jours, rejoint par son frère venu de Vancouver.
J'ai eu un peu le sentiment de les abandonner ce matin-là en partant sur les routes enneigées afin de remonter le temps d'un serveur informatique KO.
Bien sûr il y a le téléphone et les mails... pour savoir qu'elles étaient bien arrivées.
Le soir mon Petit Bout m'a appelée. Elle est triste c'est sûr mais elle est sereine. C'est le seul mot qui me vient à l'esprit. Elle n'a pas de doute sur les sentiments qu'elle porte à son Papy, ni sur celui qu'il lui portait ; c'est comme une protection pour elle, enfin je le vois ainsi. Les derniers temps elle trouvait toujours l'élément positif pour évoquer son Papy. Non pas sa difficulté à respirer malgré l'oxygène mais plutôt la petite phrase qu'il lui avait dite.
Elle m'a confié cependant qu'elle avait emporté beaucoup de ses doudous avec elle sans oublier "Souris" bien sûr.
Ayant écrit un texte qu'elle voulait lire le lendemain lors de la cérémonie, elle me l'a envoyé.
Puis j'ai eu sa soeur en larmes. Je lui ai parlé de tout et de rien pour "garder le lien" tout en ayant le sentiment d'être si inutile. Elle m'a dit que le texte de sa soeur était bien. Je lui ai demandé si elle dirait quelque chose mais elle m'a répondu qu'elle ne pourrait pas.
Mes deux filles ont passé beaucoup de temps avec leurs grands-parents paternels au fil des vacances et des WE. Elles ont des tas de souvenirs et c'est ce que son Papy a évoqué lors de sa dernière conversation avec sa première petite fille. Et elle s'en veut d'être restée silencieuse.
J'ai évoqué la journée du lendemain qui allait être difficile.
Elles n'étaient pas présentes pour l'enterrement de ma Maman cet été. C'est la première fois pour elles.
Il était prévu une crémation suivie d'une cérémonie puis après le repas un trajet jusqu'à un petit village de l'ain où seraient déposées les cendres dans un caveau de famille.
Beaucoup de monde sans doute car la famille est nombreuse et unie.
Je leur ai dit à toutes les deux qu'il fallait qu'elles se resserent autour de leur Papa, leur Mamy et leur oncle ; elles avaient besoin d'eux comme eux avaient besoin d'elles. Cela me semblait un peu confus mais important.
Hier j'ai beaucoup pensé à elles tout au long de la journée.
Cela me semblait étrange d'être là, à remonter le temps pour remettre en ordre des chiffres pendant qu'elles vivaient ces tristes moments que je ne partageais pas.
Je sais qu'il y aura beaucoup d'autres moments heureux ou malheureux pour lesquels je serai absente mais cela ne m'avait jamais interpellé jusqu'à présent.
Je vais finir ce billet que j'ai hésité à écrire ; mais ce blog est un peu mon journal de bord à défaut d'être un journal intime et comme j'ai très peu de personnes autour de moi pour parler il recueille mes trop-plein de mots.
Le Papy paternel de mes filles et moi avions un point commun : le même jour de naissance... à quelques années près ! Il y a quelques années, il est devenu mon ex-beau-père mais il est toujours resté à mes yeux le Papy de mes filles au même titre que mon Papa et avec la même confiance. Je lui ai gardé les mêmes sentiments et je pense que lui également malgré nos chemins qui ne se croisaient plus de la même façon. A moi il reste aussi les souvenirs de nos sorties de ski, nos randonnées en montagne et toutes ces attentions pour que je me sente bien au sein de cette famille qui m'avait accueillie.
Les mots de mon Petit Bout.
A mon papy adoré,
Tu m'appelais « poison »,
Parce que j'étais coquine,
Je taquinais les gens,
J'aimais bien ça,
Mais maintenant que tu es parti,
Je ne sais plus qui m’appellera ainsi.
Maintenant, chaque fois que je regarderai les étoiles,
Je te verrai briller,
Comme le soleil dans le ciel,
Tu seras là-haut à nous regarder,
Comme Mamie le dit.
Où que tu sois,
Tu resteras toujours dans mon cœur
Ton petit poison