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12 juin 2014

Entre ciel et terre

Pour certaines ces petits mots auront une agréable résonnance puisqu'elles aussi y sont allées (coucou Co) !

En répondant présente très rapidement à l'ouverture des inscriptions je me disais que d'ici là j'aurai un autre semi dans les pattes et que la distance de plus de 23km avec du dénivelé passerait comme une lettre à la poste.
Cependant sur 2014 il n'y a eu qu'une course de 5 km partagée avec les filles (je vous raconterai plus tard) au mois de janvier puis plus rien. Oublié le semi du mois d'avril que je n'avais pu faire l'an passé pour cause de côte fêlée, manque de courage pour le 10km à courir avec les filles alors que j'apprenais qu'on se passerait de moi au boulot. Donc c'est avec un entrainement très moyen et une envie très mitigée que je voyais arriver le WE qui m'élèverait entre ciel et terre... pour courir sur le viaduc de Millau !

Sur le viaduc

Mon Petit Bout devait m'accompagner comme supportrice dans cette aventure.

Le vendredi je signe la rupture conventionnelle qui me fera quitter mon emploi fin juin et le soir je me pose beaucoup de questions sur ma participation à cette course qui n'a lieu que tous les 2 ans. Aucune envie de préparer la voiture pour aller camper, choisir quoi emporter, bref tout organiser. Manque de courage évident. Je laisse passer la nuit.

Réveil à 7h30. Je prépare mes affaires, le petit déj' et je mets le matériel de camping dans la Kangoo. J'opte pour la petite tente 3 places de montagne que Manon et moi avons utilisée pour le trail en Aubrac il y a un an. Je réveille mon Petit Bout.

Un peu après 9h nous sommes en route. C'est le grand soleil. Le GPS est calé sur le camping que m'a indiqué Valérie, une copine de mon forum de course et dont j'espère faire la connaissance ; nous vivons à une vingtaine de kilomètres l'une de l'autre !

Peu de monde, une jolie route, une halte pour des cerises et des abricots de producteur (les premiers de la saison). Comme un air de vacances... Je savoure l'instant en ne pensant pas aux lendemains (proche pour la course et lointain pour un avenir incertain)

En route j'appelle Valérie qui me conseille plutôt le camping voisin. Nous y arrivons en même temps et faisons connaissance dans le bureau d'inscription.

Un joli petit emplacement surplombant la rivière et je sors le sac de la tente impeccablement rangée. A l'étendage du tapis de sol je suis surprise par sa taille. Ma tente de montagne est étroite et plus basse à l'arrière. Je commence à me demander si ce n'est pas une des deux chambres de notre grande tente mais je ne vois pas comment elle se serait retrouvée là. Mais non l'ouverture n'est pas la même. J'étale le toit et les arceaux (qui sont bien ceux de MA tente) ne correspondent pas non plus. Mais d'où sort cette tente ? Manon se souvient que mon aînée l'a empruntée. J'appelle donc la demoiselle avec déjà un certain degré d'exaspération dans la voix. Bien sûr au début elle nie, puis elle accuse son père qui l'avait également empruntée (mais j'ai suffisamment campé avec mon ex-mari pour savoir que ce n'est pas possible). Le ton monte pour enfin reconnaitre qu'il y a peut-être eu mélange avec la tente d'une copine lorsqu'elle l'a empruntée...

Mi mai c'est un peu tôt pour dormir à la belle étoile en Aveyron !

Heureusement j'ai une Kangoo dont je vais découvrir l'option camping-car !!! On vide, on rabat les sièges, on étale le matelas 2 places, on gonfle, on teste. Cela devrait faire une chambre correcte.

Bon il est temps de déjeuner à presque 15h. Petit pique-nique sur le plaid à la place de la tente ; clapotis de l'eau, délifé de canards, doux rayons du soleil et chants des oiseaux donnent envie de faire une pause.

Une fois le ventre plein et l'humeur calmée (pour moi) nous voilà parties vers le centre ville afin de récupérer le dossard.

Bien organisé je trouve mon point de retrait sans problème et tends mes papiers. A l'époque de l'inscription mon certificat médical n'allait pas jusqu'à la date de la course donc je devais en présenter un valide au retrait. La dame me regarde ennuyée et me dit que ce n'est pas le bon certificat. Incrédule je vérifie la date, elle couvre bien la période... mais j'ai pris celui de natation établi en même temps pour un stage que je pensais faire cet été avant que mes plans (financiers) ne soient modifiés il y a peu. Là je suis mal ! La dame me dit d'aller à l'accueil. Demi-tour et j'explique mon histoire. On me propose de le recevoir par mail. Super. Nous trouvons un petit coin tranquille pas loin des jambons et fromages et je rappelle ma fille. Elle l'envoie. Retour à l'accueil où le mail arrive. La dame nous accompagne jusqu'au retrait et j'ai enfin mon numéro 8505, le joli buff, la boite de lentilles et le roquefort. Des bénévoles adorables, merci à elles.

Ouf je respire. J'allais finir par dépasser ma FC max à ce rythme !

Quelques achats gourmands pour nous remettre de nos émotions, une petite pause dans le parc de la Victoire où se fera donc l'arrivée, un tour dans Millau pour situer le départ et retour au camping pour découvrir que le petit resto voisin où nous pensions dîner affiche complet pour le soir. J'en suis presque résolue à me passer de dîner et à aller directement me coucher pour mettre fin à cette journée compliquée mais pas ma demoiselle toute menue mais qui dévore !

Parc Victoire
Parc de la Victoire

Donc nous tentons notre chance et nous aurons une table en terrasse (pour admirer les deltas et les parapentes qui colorent le ciel bleu juste au dessus de nous) pour une pasta party.

De retour à la voiture le matelas est raplapla. Décidément !!! Il est vrai qu'il a une petite fuite sur une soudure qui m'oblige à lui redonner un peu d'air au bout de quelques jours de vacances mais pas autant ! On adouci au mieux avec une couverture et les serviettes de bain l'endroit où nos dos se poseront et on regonfle. En fait il tiendra donc le bouchon avait dû être mal vissé par ma demoiselle lors du gonflage test. Allongées nous assistons au coucher du soleil puis par la fenêtre de toit nous aurons droit aux étoiles après que la lumière temporisée se soit éteinte doucement. Le grand luxe !!!

Au matin il ne fait pas chaud mais le ciel est limpide et la journée s'annonce belle. Préparatifs ; je n'ai pas faim et mange juste une banane. Un petit coucou à Valérie qui part avant nous et à 8h30 nous quittons le camp.

Je me cale dans le sas jaune, le dernier et Manon restera avec moi au fur et à mesure de notre avancée le long de la barrière sauf dans les derniers mètres où la foule est trop compacte. Heureusement j'ai fait le dernier bisou et rendu ma polaire. Ah l'avantage d'avoir une assistance-course !

Sas départ
Où est Sylvie ???

Je ne sais pas trop ce que je fais là. Lorsque notre vague est prête à partir je suis deux ou trois mètres derrière la ligne. Je souris aux plaisanteries, je lève les bras lorsqu'on nous le demande, je me sens à fleur de peau et seule au milieu de cette foule. Les basses de la sono résonnent dans ma cage thoracique. Enfin c'est le départ en descente ; je me fais doubler de toutes parts pourtant je suis déjà à 10km/h. Le fait de courir fait un peu de ménage dans toutes les pensées qui tournent et retournent dans ma tête depuis quelques jours.
On aperçoit le pont puis on le reperd. Je vais bien à 9.6 km/h de moyenne pour les 9.5 prévus. Et puis on s'approche d'un pilier et là c'est tout de même impressionnant de laisser filer le regard jusqu'en haut. Soudain virage à droite et on attaque la montée. Je serre ma droite et je passe en mode marche. La joliette nous double sous les applaudissements. Je prends mon rythme et double petit à petit des marcheurs. Il y a des effluves de thym. J'en rapporterais bien un pied mais ce n'est pas vraiment le moment de jardiner.

Viaduc montée

Premier ravitaillement où je ne prends que de l'eau. Pas de gel pour moi, je n'aime pas. J'avais déjà bu dans la montée grâce à ma poche à eau. En arrivant vers le haut le parcours nous laisse apercevoir les files de coureurs qui vont et viennent. C'est assez impressionnant toutes ces petites fourmis colorées qui se croisent à des hauteurs différentes. L'entrée du viaduc approche et les haltes photos sont de plus en plus nombreuses. Je sors l'appareil et dans un échange de bon procédé je photographie un monsieur qui me rendra la pareille. Je continue à marcher car je sens que les mollets sont proches des crampes du coup je déroule mon pied à l'excès.

Avant viaduc
Avant d'arriver sur le Viaduc

Entrée viaduc
Voilà j'y suis !

Me voilà sur le viaduc. C'était bien la peine de douter, de penser ne pas franchir la barrière horaire. Les groupes, les couples se réunissent pour fêter l'instant et je continue à avancer en marchant. Petit à petit je sens l'émotion m'envahir. Tout se mélange : le lieu exceptionnel, mon avenir incertain, ma solitude... Plus aucune envie de courir. Heureusement la marche m'est beaucoup plus naturelle que la course même si le cerveau est en panne alors je marche. Je double encore, même une dame qui alterne course et marche. On se satisfait comme on peut. Je m'arrête pour une photo et je sens le pont vibrer. Il n'y a pas beaucoup de vent et les murs en clairevoie nous protègent. Pas de risque d'avoir le vertige car on n'imagine pas la hauteur lorsque l'on est dessus. Je regarde les coureurs sur le retour et je pense que tout à l'heure moi aussi je courrai ! Un peu avant le demi tour j'entends des motos. Deux gendarmes me doublent et s'arrêtent au bout. Je me dis que je suis dans les dernières et qu'ils vont fermer la route derrière moi. Je suis si lente que ça ??? Un coup d'œil derrière. Ouf il y a encore du monde. Une petite compote avant de tourner. Quelques dernières photos échangées avec un groupe. Je range l'appareil et mes jambes se relancent toutes seules dans la descente.

Pont retour cor
Sur le retour

Là je ressens vraiment le bonheur de courir sur le Viaduc. Il était temps ! Un peu plus loin annonce de la photo à 200m et j'ai le réflexe très amusant de redresser la queue de cheval, de ranger les petites mèches en bataille et de tirer sur le tee-shirt (surtout lorsque l'on connait mon peu de coquetterie !!) En passant devant les photographes au ras du sol (comme si on foulait le tapis rouge de Cannes !) j'essaie mon plus beau sourire.

Millau pont
On dirait que je marche mais non c'est la descente et je coure !!!

Nouveau ravitaillement, de l'eau, des abricots secs et de la pâte d'amande délicieuse comme un calisson. Nouvelle montée je marche à nouveau et je double encore plus. Certains commencent à tirer la langue. Par contre je ressens comme une communauté entre nous, les coureurs de fin de peloton. Ca papote, ca s'encourage, ca se rassure, c'est amusant comme impression. Le viaduc a été foulé et le chrono n'a plus d'importance.

Virage à angle droit et c'est la descente dans un chemin poussiéreux. Les jambes déroulent et je me sens étrangement bien. Je double beaucoup et là je reconnais que cela motive. J'entends un monsieur dire qu'il y a des faux-plats traitres avant l'arrivée. Un coureur est planté sur le chemin hébété. Je m'arrête et lui demande si ça va. Il dit qu'il n'en peut plus qu'il a trop soif. Je lui tends la pipette de ma poche à eau mais un autre coureur lui propose sa bouteille pleine en lui disant de s'en mettre sur la tête et la nuque et de boire doucement. Je repars.

Nous entrons dans la ville et les spectateurs sont de plus en plus présents. Des riverains ont préparé des baquets d'eau ou nous arrosent au jet, des enfants tendent leur main (c'est bien la première fois que je taperai dans les mains !), des mamies sur leur pliant nous encouragent. Moi qui suis toujours un peu sauvage et distante envers ces démonstrations j'avoue qu'au fil des centaines de mètres j'en ressens le bienfait. Un virage et une petite montée : je marche à nouveau. Entre ces deux dernières petites bosses (ridicules après ce qui a déjà été passé !) j'aurais dû relancer mais j'avoue qu'à ce moment je manque de volonté et je ne reprendrai la course qu'après la dernière. Les encouragements sont de plus en plus chaleureux et je sens l'émotion revenir mais elle est différente cette fois. Elle est joyeuse et rassurée. J'y suis presque ! Un monsieur soutient son épouse en lui disant que dans deux virages à 150m c'est l'arrivée. A ma montre je le trouve un peu optimiste mais non il a raison alors" j'accélère" dans les chicanes et passe sous l'arche en 3h06'55" pour 23.2 kmà ma montre.

Ligne d'arrivée
Là non plus je ne marche pas, même je sprinte !!!

L'arrivée est large. Je trouve un coin dégagé près d'une balustrade pour appeler ma fille mais avant que je n'ai sorti le téléphone elle est là. Elle était dans les tribunes et m'a vue arriver. Je lui avoue avoir marché à l'aller du viaduc un peu déçue et les trémolos dans la voix pour lui en expliquer la raison. J'étire un peu les mollets ; les doigts de pieds et les chevilles sont contents d'en avoir terminé mais les cuisses vont très bien. Puis je suis les coureurs pour une succession de petites récompenses. La bouteille d'eau puis le retrait de la puce, puis le passage de la "lourde" médaille autour du cou et le sac de victuailles et plus loin le tee-shirt qui relègue au pastel ceux de la DDE. Je redescends l'allée du parc et retrouve ma fille pour une pause dans l'herbe pour lui montrer les photos. Et là grosse déception. Elles sont toutes surexposées. La molette de réglage a dû tourner dans le sac et je ne me suis pas méfiée lorsque j'ai commencé à photographier dans la montée.

Dossard

T-shirt

Nous prenons le chemin du retour vers le camping. J'avoue ne pas marcher aussi vite que la veille et le raccourci qu'elle me propose ne me semble pas si intéressant que ça !!! Un petit coucou à Valérie au camping pour échanger nos impressions. La douche est un bonheur. Le pliage de nos affaires est rapide et nous voilà en route pour le Mac Do car ma demoiselle commence à avoir faim. Un peu partout des taches oranges comme des clin-d'œil. J'ai d'ailleurs enfilé mon T-shirt finisher pour le retour. Je mangerai mes frites sur l'aire du Viaduc en renversant la tête pour me dire que j'étais tout là-haut et montrer le chemin d'accès dans le lointain à Manon ; un petit tour à la boutique pour lire les informations sur la construction de ce bel ouvrage.

chemin montée

Manon aimerait faire cette course si elle est reconduite dans 2 ans mais si cela reste avant le 21 mai il lui manquera quelques jours pour avoir 18 ans !!!

10727e en 3h 06' 57" en officiel
3111e féminine
828e V2 Comme il n'y a pas de classement complet je ne sais pas sur combien. Dommage !

Après coup je me dis que j'aurais pu passer sous les 3h avec un peu plus de courage (courir sur l'aller du viaduc et les relances de fin de parcours aurait suffit)... Une autre fois peut-être...

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Commentaires
E
J'admire ta volonté, bravo à toi!
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M
Félicitations, quel courage, vous êtes vraiment très forte pour ne pas avoir renoncé malgré tous ces problèmes. Je vous admire, amitiés
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O
Trop bien! Félicitations!<br /> <br /> Les larmes aux yeux d'émotion en lisant cette aventure.<br /> <br /> Et beaucoup d'admiration aussi.<br /> <br /> Bonne journée et à bientôt.<br /> <br /> Odile
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M
Bravo ! C'est formidable d'avoir participé, et d'être allée jusqu'au bout malgré les difficultés et les découragements de tous ordres, vous y êtes arrivée, vous pouvez être fière !
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Bienvenue chez Sylvie
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