Il y a quelques mois j'avais proposé à ma fille aînée de courir ensemble un semi-marathon. D'abord réticente elle avait accepté après l'amélioration de son chrono lors du 10 km d'Annecy en septembre. Le semi-marathon d'Annecy au printemps me semblait tout indiqué et elle s'est chargée des inscriptions.
L'affiche
Le parcours
J'ai commencé mon plan d'entrainement le mardi 10 mars. J'avais opté pour un plan sur 6 semaines avec 4 séances par semaine.
Première semaine respectée à la règle.
Deuxième semaine la pluie du dimanche m'a obligée à reporter ma sortie longue au lundi de la semaine suivante.
Troisième semaine où j'ai également dû repousser la SL du dimanche.
Quatrième semaine avec une baisse de motivation où je n'ai fait que 3 sorties et toujours la SL de retard.
Cinquième semaine où je rattrape tout mon retard avec 6 sorties dans la semaine et deux SL. Pas très malin.
Sixième semaine je reprends le plan normalement mais je doute énormément et j'ai très envie de tout laisser tomber...
Je mets un temps fou à préparer mon sac tout me semble si compliqué. Envie de me glisser sous la couette... Cela m'arrive de plus en plus à chaque étape de mon quotidien. Je finis par faire ce que j'ai à faire et n'en acquiers pourtant pas d'assurance pour l'étape suivante. Je croyais que la sagesse venait avec l'âge !!!
Seulement je dois récupérer ma fille à l'aéroport de Lyon le vendredi 17 avril vers 14h30. En début de semaine sa Mamie l'a déposée à l'aéroport en partance pour Amsterdam où elle retrouvait sa soeur que j'avais déposée de mon côté à l'aéroport de Toulouse le même jour. Comme je suis partie le vendredi matin en voiture pour Lyon c'est mon Papa qui est allé récupérer sa petite fille à sa descente d'avion. Il l'a ensuite emmenée chez son Papa (qui n'était pas encore rentré du Japon) pour qu'elle passe le WE chez lui pendant mon absence. C'est bon vous suivez toujours ???
Donc me voilà dans ma Kangoo en route vers les montagnes avec mes doutes qui font une pause. J'aime conduire ; j'ai toujours un sentiment de liberté lorsque je prends la route et cela me rassure sur mes possibilités.
Je retrouve ma future infirmière qui passera le reste du trajet à me raconter ces quelques jours à Amsterdam avec sa soeur.
Nous ne sommes que toutes les deux chez la Mamie pour le WE car elle est en visite dans la famille. Pardon j'ai oublié le chat donc trois ! Heureusement l'allergie a été légère et j'ai peu utilisé d'antistaminique.
Un petit resto le vendredi soir ; un running ensemble le samedi matin. Dur car il doit y avoir juste 200 m de plat autour de la maison, le reste monte puis descend au retour ! Je comprends pourquoi ma fille avance vite. Elle tient bien le rythme en montée. Nous allons récupérer nos dossards. Le T-shirt femme en taille M (le plus grand) est trop petit pour moi du coup je demande un L qui sera en version homme où j'ai de la place !!! C'est le même pour le marathon et le semi et donc j'ai l'impression de mentir avec l'inscription "Marathon d'Annecy". Lecture l'après-midi pendant que ma demoiselle révise et papotages. Je profite de ma fille !
Le dimanche matin nous faisons la grasse matinée suivie d'un petit déjeuner amélioré car le semi est l'après-midi. Préparation de nos petites affaires et nous nous rendons sur les lieux en voiture. Il y a du vent et ne fait pas très chaud. Nous regardons l'arrivée du marathon pour celles et ceux qui le bouclent en 5 heures et plus.
Le Pâquier au bord du lac avec la Tournette enneigée au fond.
Le Pâquier et le Parmelan au fond.
Laëtitia et son téléphone !!!
Ce sont les seules photos que j'ai faites avant de mettre le sac en consigne et je le regrette.Les photos suivantes sont celles des photographes officiels que j'ai récupérées sur leur site. Un peu trop chères pour en acquérir une sans les marques. Tampis !
C'est notre tour. Je me rends en marchant vers l'arche de départ, ma fille court pour s'échauffer. Nous rentrons dans nos sas après un dernier bisou : 2 h pour elle et 2h15 pour moi.
Je ne me pose plus de question à savoir si je serai capable ou pas. Je suis dans l'instant. Le speaker se déchaine, la musique donne le ton et quelques frissons. Le départ est lancé sans compte à rebours (il parait que c'est la nouvelle règle). Je mets en route mon Ipod (musique et Nike+). Alternance de marche et de trottinement jusqu'à l'arche. J'enclenche la montre en passant la ligne de départ. J'ai mis 3' pour y arriver depuis le lancement du chrono officiel. C'est parti !
Je suis au milieu d'une foule qui court et je ne regarde pas autour de moi ce paysage que j'ai connu pendant des années : le Pâquier, l'Hôtel de ville, la piscine découverte... Je suis de l'oeil le meneur d'allure de 2h15. Il n'est pas parti trop vite et cela me convient tout à fait. Je me sens bien mais je ne pense à rien de précis. Je regarde où je mets les pieds et j'essaye de conserver ma place dans la mouvance des autres coureurs. Petit à petit l'allure s'accélère et nous sommes maintenant au-dessus de ma moyenne prévue.
Premier ravitaillement vers le 4e km je marche et attrape un gobelet. C'est sucré mais cela me convient. Je finis de boire en marchant et j'accélère pour recoller au meneur. L'allure est soutenue et proche des 10 km/h donc trop pour moi sur cette distance. Cela va me donner un coup au moral et tous mes doutes reviennent d'un coup. Je pensais tellement me caler sur le meneur d'allure pour ne pas avoir à réfléchir à mon allure mais il va trop vite. Je marche quelques instants avant de prendre mon allure travaillée entre 9.3 et 9.5 km/h.
Second ravitaillement vers le 8e km. Je marche et attrape un gobelet : de l'eau cette fois. Je fini mon verre en marchant et reprends mon rythme. Je me sens bien et je reprends confiance.
Le chemin de l'aller s'écarte légèrement de celui du retour en contrebas et nous croisons les premiers que nous encourageons et applaudissons. Nous ne sommes pas encore à la moitié et eux vont bientôt pouvoir prendre la douche. Croisement de la première féminine qui a droit aussi aux applaudissements. Puis nos chemins se séparent et nous nous éloignons du lac avant de le rejoindre à nouveau. C'est un coin que je ne connais pas. Par contre je ne pourrai pas croiser ma fille comme je l'avais espéré.
Elle est loin devant, le meneur d'allure aussi.
Troisième ravitaillement vers le 10e km. J'attrape un quartier d'orange en plus du gobelet d'eau.
Puis c'est le passage à mi-parcours en 1h08'. Je suis en retard sur les 2h15 que je m'étais fixées mais je crois encore pouvoir faire mieux que les 2h19' du premier semi.
Nouveau ravitaillement au 13e km. Je bois en marchant un peu plus longtemps. Je vois ma moyenne qui descend de plus en plus. Le vent est de face maintenant et la vue sur le lac n'arrive pas vraiment à me motiver. Au 15e km je vais m'octroyer une petite marche puis repartir à nouveau. Je commence à trouver le temps long et mes pensées décousues restent négatives !
Un autre ravitaillement au 17e km. Un verre sucré puis un second d'eau et je vais continuer en marchant. J'ai attrapé un truc à grignoter mais je ne sais même plus quoi ! Je marche vite mais bien sûr je perds du temps. Lorsque je repars c'est à un bon rythme et je double ceux qui m'ont dépassée pendant ma marche. J'essaye de me coller à des personnes pour me motiver à garder le rythme et accessoirement me protéger du vent.
Un dernier ravitaillement alors que je venais juste de me remettre à courir après une pause marche ! Il reste environ deux kilomètres et je me dis que je dois courir jusqu'au bout mais je reprends un rythme trop élevé après plus de 2h de course et je vais lâcher. Il y a de plus en plus de spectateurs et on pourrait se dire que je devrais avoir à coeur de courir devant eux alors que certains m'encouragent avec mon prénom. Mais à moins d'un kilomètre de l'arrivée dans les différents virages qui précèdent l'arche je marche. Oh juste quelques mètres avant de repartir. Un blocage dans un passage étroit pour évacuer sur une civière un coureur qui a fait un malaise si proche du but. Je repars. J'ai en ligne de mire une demoiselle avec un joli collant qui était à côté de moi dans le sas de départ. J'accélère... mais elle aussi. Je foule le tapis rouge et je passe sous l'arche.
Contente d'en avoir fini mais déçue de ne pas avoir tenu mon challenge intérieur. Je fais tout de même un sourire à la photographe !!!
Je prends un verre d'eau et le sac de victuailles que l'on me tend et me retrouve sur la pelouse au milieu de la foule à chercher ma fille. C'est là que je réalise que nous n'avons pas convenu d'un point de rendez-vous. J'étais tellement sûre qu'elle m'attendrait à l'arrivée ! C'est bêta !
Je cherche, je furète ; j'ai froid. Je vais vers la consigne où nous avons laissé le sac à dos... avec son n° de dossard car je pensais qu'elle serait la première à arriver. Personne. Certains ont des couvertures de survie et je me mets en chasse pour en trouver une. Retour sur la ligne d'arrivée près du stand des secours. C'est bien agréable d'être enfin protégée du vent frisquet. Le speaker fait une annonce pour une personne qui cherche son groupe et je me rends sur le lieu indiqué comme point de rendez-vous au cas où mais pas de fille. Elle court avec son téléphone, pas moi. De plus je n'ai pas mémorisé son numéro puisqu'il est sur mon portable. Soudain après plus de 20' d'errance c'est elle qui me trouve. On dirait une papillote dorée. Elle est accompagnée d'un copain et d'une copine de sa promo. D'autres sont venus l'encourager sur le parcours. Elle a fini avant moi en 2h14' mais elle ne se sentait pas bien à l'arrivée et s'est assise dans un coin avec ses copains. Donc elle n'est pas restée vers la ligne pour m'attendre.
Deux photos que j'aime bien de ma fille
Entourée de garçons !!!
La ligne franchie
Laëtitia :Temps puce : 2h14'15"
Classement scratch : 2989/3610
Classement féminin : 956/1352
Classement catégorie SEF : 474/670
Sylvie :Temps puce : 2h22'36" temps au 10 km 1h08'56"
Classement scratch : 3325/3610
Classement féminin : 1170/1352
Classement catégorie V2F : 128/151
Nous allons récupérer notre sac et partons nous changer sous la tente vestiaire des femmes à l'abri du vent. Ma fille est KO et se laisse materner. Elle est partie vite, à l'allure certes prévue mais comme elle n'a pas fait de sortie longue dans sa préparation plus gym en salle que footing elle a accusé le coup. Quelques petits maux de ventre font qu'elle a marché à certains moments. Mais elle est allée au bout et est devenue semi-marathonienne !
Après ce petit temps de repos nous partons en direction de sa voiture à bonne distance. Elle avance à petits pas, toujours emmaillotée. Je vais conduire pour rentrer. Une fois à la maison elle va filer sous la couette pour un petit moment. Je ne suis pas aussi fatiguée qu'après le premier semi donc j'aurais dû pouvoir faire mieux ! Pas question de m'enfermer dans les regrets juste analyser.
Une préparation en 8 semaines aurait été plus adaptée à mon niveau ainsi que des sorties longues... plus longues ; 1h50 c'est trop juste au vu de mon temps de course.
Mais surtout il faut y croire.
Donc courir à l'entrainement pendant 2h15- 2h20 sans marcher pour me rassurer même à une allure plus réduite que celle que je travaille.
Je n'arrive pas vraiment à démêler les raisons qui me poussent à marcher pendant une course. Bien sûr à un moment cela commence à devenir dur mais mes gambettes tiennent bien le coup. C'est comme si j'avais peur de ne pas arriver au bout, donc de l'échec alors je m'économise car je sais qu'en marchant je peux faire ce que je veux et je favorise ainsi une certaine forme d'échec. Il faudrait que j'ai cette même certitude en courant doucement. Car après chaque marche je repars vite, trop vite.
Je ne m'estime pas assez ; la crainte de me décevoir ne me pousse pas suffisamment à bien faire. Vers la fin lorsque je me suis dit "Cours jusqu'au bout", j'ai laissé filer avec un "à quoi bon" à l'esprit puisque cela ne concernait que moi. Disons que je n'arrive pas à me trouver une motivation suffisamment forte pour me dépasser. C'est bête. Il faudrait peut-être que j'entende une pique du style "Oh la vieille qui marche au lieu de courir" pour que ce soit la "gniak" qui me pousse à courir ! De là à croire qu'il me faudrait des banderilles comme les taureaux pour m'agacer !!!
Le lundi matin réveil matinal car ma fille commençait un nouveau stage en soins à domicile dans une structure municipale.
Pas de courbature de mon côté, juste une légère "mollesse" générale. J'ai pris la route et en début d'après-midi je retrouvais mon autre demoiselle à la maison où son Papa l'avait déposée au matin. Encore quelques jours de vacances pour elle.
Un seul petit run pour cette semaine d'après course puis j'ai repris mes 4 séances.
Du coup la petite a recommencé l'entrainement avec plus de volonté et nous envisageons un petit trail urbain ensemble pour la fin du mois de mai.
A suivre...