J'ai retrouvé ma maison en ce début d'après-midi sous un rayon de soleil.
Je suis vivante, je n'ai pas spécialement mal, je traîne juste un peu la patte façon Dr House (mais sans la canne !) et j'ai mal à la tête.
Côté moral c'est un peu moins bien. J'ai découvert la cicatrice de l'exérèse ce matin lors du premier soin et c'est comme si un requin avait décidé de mettre mon cuissot à son déjeuner.
Il n'y a pas de miracle à partir du moment où l'on creuse cela fait forcément un trou.
J'ai bravement regardé pendant que l'infirmière nettoyait la couture, je lui ai demandé pleine de confiance si cela allait reprendre une forme "normale". J'ai senti son hésitation en me répondant que la cicatrice allait évoluer mais qu'il avait fallu tirer sur la peau donc il resterait un creux.
Ce qu'est venu confirmer mon beau chirurgien qui a senti à ma voix chevretante (faute à l'intubation aussi !) que je ne m'étais pas attendue à cela. Il m'a dit qu'il fallait être patiente, que la cicatrice mettrait 6 mois à 1 an avant de prendre sa forme définitive. La peau étant suffisamment élastique, il n'a pas fait de greffe donc pas cet effet rustine. Il m'a dit qu'il serait toujours temps après de voir ce que l'on pouvait faire si vraiment c'était choquant.
Quant à l'autre cicatrice elle est négligeable car dans le creux de l'aîne. Par contre ce n'est pas un ganglion mais trois qui ont été enlevés car ils étaient positifs à la radioactivité. Mais on ne peut rien en déduire avant leur analyse et celle du bout de viande que l'on m'a enlevé. Donc une quinzaine de jours à se poser des questions.
Les larmes que je contenais sont sorties en vrac lorsque mon père est venu me chercher. Je lui ai dit qu'avec cette cicatrice j'allais de plus en plus ressembler à ma mère qui en a une particulièrement marquée sur le haut de la jambe suite à un accident de vélo contre un bus vers ses 6 ans. Et à l'époque il n'y avait pas la chirurgie actuelle. En veillissant il me semble prendre tout ce qui est négatif chez elle. Bientôt je serai rivée à mon lit et à un écran de télévision.
Mais comme mon père n'aime pas trop que je craque, j'ai ravalé mes larmes, je suis allée chercher les papiers au secrétariat et j'ai pris le chemin des longs couloirs de ma démarche saccadée.
Depuis j'ai préféré rester seule comme ça je peux utiliser les kleenex à volonté.
Mes pensées partent dans tous les sens. Je me dis que je vais devenir anorexique comme ça, en n'ayant plus que la peau sur les os, il n'y aurait plus de creux. L'autre raison étant un problème de jambes lourdes allant en s'accentuant ces derniers mois malgré la froidure, héritage maternel là aussi, j'appréhende la disparition de ces trois ganglions qui devrait reforcer ce problème. Donc devenir poids plume améliorerait la situation. Je ne peux pas rester couchée toute la journée ou marcher sur les mains (je n'ai jamais réussi !).
A moi la joie des bas de contention aux beaux jours, port du pantalon long pour cacher des chevilles disgracieuses, noir le pantalon pour que les vilains UV ne viennent pas poursuivre leur besogne et tout cela en marchant à l'ombre !!
Les WE où je vais courir ou marcher, j'ai presque des jambes normales mais je ne peux pas faire cela tous les jours, en tout cas pas pour le moment.
Je me dis aussi que les vacances d'été en camping vont être un peu compliquées. Pas de soleil, pas de mer, pas de maillot de bain car même en apprivoisant la cicatrice avec les soins quotidiens je ne suis pas sûre d'avoir le courage de la montrer. Pour les longueurs de piscine découverte de cet été, je sens que c'est fichu également !
Et alors pour le côté sentimental là je peux déjà envisager le couvent...
Pour terminer sur une note d'humour. Le premier après-midi après m'être faite "radio-activée" pour situer le ganglion sentinelle j'ai eu droit à la scéance "épilation du maillot" de retour dans ma chambre. Et qui est arrivé au moment où une femme n'est pas forcément à l'apogée de son charme ? Mon beau chirurgien bien sûr ! Je savais bien que le lendemain il en verrait tout autant pour me découper mais tout de même.
J'ai des tas de petites croix ou de morceaux de tissus qui m'attendent mais là j'ai un peu de mal à m'y mettre. Cela va venir, j'ai trois semaines d'arrêt. On verra tout de même au bout de quinze jours si je prends ces 3 semaines. A ce moment-là les fils seront enlevés et mon cas... statué.
Merci pour tous vos petits mots, ceux que j'ai pu lire avant de partir à l'hôpital et ceux trouvés au retour.
A plus...