Par ce dimanche gris et venteux j'ai sorti quelques carrés de papiers scrap.
Non, pas de carte en vue, c'est encore trop technique pour ma main gauche mais je m'entraine déjà au pliage.

Ayant récolté quelques semences au jardin malgré une maigre production, j'ai choisi de faire des petits sachets plutot que d'utiliser des enveloppes pour le courrier pour les conserver.

Les papiers des petits blocs Acti°n 15x15 cm sont parfaits si la quantité de graines n'est pas trop importante, ce qui est mon cas.

J'ai retrouvé le tuto utilisé l'an passé ici et c'était parti pour 18 sachets. La main gauche a bien travaillé et a mérité son petit bain écossais !

J'en ai plus que de variétés de semences mais ce n'est pas grave ; je pourrai en offrir... et en refaire !

Ah ! la douce sensation de retrouver le chemin de mes passions créatives...

Un peu absente car peu d'évênements à raconter. Mais il suffit que je me lance pour "parler pour ne rien dire" !

Je me sens toujours très inactive et mes journées sont rythmées par les bains écossais, les visites au kiné et mes séances de yoga qui restent nombreuses même si elles ne sont pas toujours quotidiennes.

Côté main et poignet les améliorations sont minimes mais existantes. 
Tous les mouvements restent sensibles même si j'essaie au maximum d'utiliser ma main. Par exemple je tape ce texte (plus lentement à gauche) avec tous mes doigts presque tout le temps mais avec des pauses.
Si le laçage des lacets est plus facile (mais pas l'enfilage des chaussettes) il m'est toujours impossible de tenir une fourchette dans la main gauche donc de pouvoir couper avec la droite.

L'oedème poignet-main a diminué celui des doigts reste conséquent. Le kiné continue à redresser les doigts entre ses mains mais les dernières séances ont été plus du drainage que de la rééducation. Le pouce pose un problème avec une sorte de rétractation musculaire qui le rend douloureux.

Ne pouvant pas serrer les doigts il n'est toujours pas question de tenir un volant donc je marche...

Après ces 6 premières semaines de "rééducation" j'ai à nouveau rencontré le chirurgien cette semaine. Une radio de contrôle pour constater que les os de l'avant bras sont bien ressoudés mais que ceux de la main et des doigts ont une teinte grise et non blanche comme de bons os bien remplis de calcium. La circulation et le transport du calcium ne se déroulant pas normalement : l'algodystrophie est toujours là et je suis passée dans la phase froide du syndrome ! 
C'est reparti pour 2 mois de bains écossais et de kiné tout en douceur.
L'amplitude de la mobilité du poignet lui a plu. J'avais aussi le sentiment d'être bien de ce côté-là, ouf !
D'après lui la moyenne de rétablissement d'une algodystrophie est de 18 mois ; j'en suis à 3 mois...

Parlons yoga.

En commençant les séances de kiné et les marches sportives pour m'y rendre j'ai ressenti le besoin de reprendre le contrôle sur mon corps. Comme je l'ai déjà dit j'ai du mal à accepter qu'une simple marche de déplacement ait occasionné tant de dégats et j'avoue marcher en regardant mes pieds avec une certaine appréhension.
J'ai tout de même 76 km au compteur pour le mois de septembre à 6 km/h de moyenne. J'ai beaucoup ralenti ! La crainte de la chute, plus de trajets kiné que de vraies marches donnent une vitesse moindre mais j'en suis tout de même satisfaite.

Pratiquer à nouveau le yoga et la respiration ainsi qu'un peu de méditation ne peut que m'aider à passer cette étape handicapante que j'espère limitée dans le temps.

Bien sûr il me faut adapter ma pratique : oublier le chien tête en bas et tous les appuis sur les mains ainsi que tirer ou pousser avec la main gauche. Cela me limite pas mal, moi qui ai une connaissance des assanas encore réduite.

J'ai donc repris avec le travail des jambes et de l'ouverture des hanches, c'est aussi là où je reste la plus souple même si l'âge et la non pratique me limitent un peu.
L'ouverture du haut du corps et le travail des bras sont plus compliqués car beaucoup de mouvements ont besoin de la main et je ne peux pas faire les deux côtés. Pourtant j'ai grand besoin de faire travailler les bras car j'ai de plus en plus de problèmes dans le bras gauche et l'épaule. Des douleurs qui se déclenchent surtout la nuit et qui me laissent ankylosée au matin. Toute la région autour de la pliure du coude reste un peu gonflée et mes pauvres muscles ont fondu : j'ai le bras dodu et tout mou ! Le kiné ne semble pas trop s'y attarder ou alors c'est moi qui n'arrive pas à lui expliquer le ressenti.
Le chirurgien met cela sur le compte de l'algo.
Donc dans ma routine de yoga j'essaie de le mobiliser, de l'étirer, le détendre.
Je fais aussi des exercices mains et pieds sur le dos, les bras et les jambes en l'air ce qui facilite ma circulation. Des moulinets, des extensions. Je trouve que cela m'aide, même si ce n'est peut-être que psychologique ! 
Le yoga me donne le sentiment d'être active dans ma guérison ou au moins de limiter les dégats. J'avoue tout de même des jours de paresse où je ne déroule pas le tapis...

Ce qui est un peu difficile au quotidien c'est de ne pas se laisser emporter par les progrès. Une nouvelle possibilité me pousse à être moins attentive et le rappel à l'ordre est alors douloureux. Réussir un geste banal du quotidien laisse à penser que d'autres tout aussi basiques sont possibles : erreur !

J'ai repris le piano... avec la main droite. J'enchaine les exercices de vélocité avec le Hanon, les inventions de Bach et les études de Czerny au rythme de plus en plus rapide du métronome !!! Je retrouve le plaisir des exercices et il y a comme une compétition avec moi-même jour après jour. Pas de douleur au piano mais le poignet reste sensible dans sa mobilité extrême et dans sa force. Au yoga c'est le seul que j'utilise pour m'aider dans les changements de positions au sol et je fais très attention car je le sens fragile !
Je fais jouer aussi les doigts de la main gauche très lentement et avec un écartement limité entre le 4e et le 5e doigt ; impossible de faire des gammes car le pouce ne peut pas passer sous les doigts. Donc jouer du piano de la main gauche est anecdotique mais je prends cela comme de la rééducation.

Je ne peux toujours pas reprendre une de mes activités créatives. Sans être une artiste réalisant des chefs d'oeuvre l'impossibilité de m'exprimer artistiquement me manque beaucoup. J'ai tenté de reprendre le crochet mais impossible de tenir l'ouvrage dans la main gauche et de guider le fil...

Heureusement que je vis dans une maison avec un jardin car l'incapacité de conduire me confine quelque peu. J'ai beau adorer vivre dans ma tanière, je ressens douloureusement ce manque de liberté.
Je comptais un peu sur ma petite demoiselle pour "sortir" sa Maman mais elle reste sur Toulouse et ne passe qu'en coup de vent, préférant me faire quelques courses au passage sans ma présence. Elle a beaucoup d'heures de cours et du boulot en M1 il est vrai.
Cela m'a fait réaliser que ne plus partager d'activités avec mes filles me manquent beaucoup. C'est sympa de discuter pendant un repas mais j'étais habituée à plus. Bien sûr ce partage avait diminué au fil des mois mais mon manque d'autonomie et mes activités favorites mises de côté me le font plus durement ressentir.
Je pense aussi que ma cadette a du mal à me voir dépendante et s'en défend par l'absence et un agacement si je demande un peu d'aide. Etre une Maman indépendante et multi-tâches ne laisse pas place à la faiblesse !
Elle reste très présente en communications via différents écrans et se protège ainsi de l'implication. Pourtant je n'ai pas le sentiment d'être quémandeuse à l'excès ; cela fait un mois que je voudrais faire un tour à la jardinerie pour du terreau et du paillage de lin !
Du coup c'est mon Papa qui s'occupe de sa fille ; mais avec ses 87 ans je me limite au chauffeur pour aller à la clinique, aux petits plats préparés et à quelques courses classiques !!!

Le prochain billet parlera de jardinage...