Mardi 19 septembre
J'ai dormi d'une traite et me suis réveillée peu de temps avant mes filles. Trop de fatigue !
En posant les pieds au sol j'ai senti que la journée allait être compliquée. L'arnica n'avait pas fait de miracle et les ampoules avaient grossi pendant la nuit.
Malheureusement Laure ne savait plus où elle avait rangé sa trousse de couture donc pas de soulagement de ce côté. J'ai protégé mon orteil avec un pansement Compe@d mais l'enfilage de la chaussure a été délicat au moment de partir.
Avant cela nous avions un super petit déjeuner qui nous attendait. Cette fois-ci il y avait du pain pour pouvoir étaler le beurre salé ! Mais aussi des gâteaux, des yaourts, des graines. De quoi contenter tous les appétits.
Les mêmes neuf personnes se sont retrouvées à tables avant que chacun parte pour son programme du jour.
Plus loquace le matin j'ai papoté un moment avec Laure avant que mes filles me rejoignent. Nous avons remercié Laure pour son très agréable accueil et repris le chemin inverse pour retrouver le GR.
Un plan de secours commençait à se former dans ma tête car je sentais que je ne tiendrais pas le coup sur les étapes des deux jours suivants beaucoup plus longues.
Cette partie du GR était plus '"roulante" mais je tirais la langue et serrais les dents. Bien sûr que c'est possible de faire les deux en même temps !
Lorsqu'on porte presque trois sacs à dos, le vrai et la surcharge pondérale cela n'aide pas vraiment. Pourtant les filles m'avaient allégée du gel douche !
Je plaisante mais si mes pieds n'avançaient pas très vite les pensées faisaient leur chemin dans ma tête et ce n'était pas très positif.
Heureusement que le paysage était là !
Une île et sa maison solitaire
Un passage dans les bois
Sur le sentier
Après un peu plus de 11km nous sommes arrivées à notre halte du midi. Un petit resto au bord du Dourduff : le café du Port. Laure nous avait fait la réservation le matin.
Une fois posées à table j'ai dit à mes filles : "J'arrête là, continuez sans moi, je rentre à la maison".
Non je n'ai pas dit tout à fait cela.
J'ai annoncé qu'il était beaucoup plus raisonnable que je parte chercher la voiture et que je continue en version assistance plutôt que participation.
Nous avons cherché quel bus pourrait me ramener à Plougasnou, à quelques kilomètres par la route. Je devais prendre un premier bus pour aller à Morlaix (à l'inverse) puis un autre beaucoup plus tard pour Plougasnou. Je n'étais pas arrivée !
La solution du taxi a semblé plus rapide.
Nous avons dégusté nos moules-frites et un café gourmand puis le taxi est arrivé. J'ai dit au revoir à mes petites demoiselles. La rando était finie pour moi.
En moins de 15mn j'étais déposée à côté de ma Kangoo.
Première chose enlever mes chaussures et mettre les Birk. Le petit doigt de pied gauche n'avait même plus la place de s'y glisser. J'ai conduis avec le pied nu.
Une fois derrière le volant j'ai eu un coup de cafard. Tout ça pour ça ! Même plus capable de faire une rando et de porter sa maison sur le dos. Trop lourde, trop molle, trop vieille.
Bon je vous passe la litanie qui m'a accompagnée jusqu'à Morlaix.
Pendant le repas nous avions convenu que j'irai à Morlaix faire des courses pour le dîner et le petit déjeuner. Puisque la voiture allait porter pourquoi se priver.
Je suis arrivée à Morlaix via le port. J'ai loupé le centre commercial à l'extérieur. J'ai tourné un peu dans les rues en pente pour ressortir de la ville et enfin trouver le lieux de mes achats.
Ayant peu de courses à faire je n'ai pas pris de caddy. J'aurais dû car j'avançais à pas menus comme une petite vieille !
Vu que j'allais rester sans rien faire pendant que mes filles tricotaient des gambettes je me suis achetée deux livres de poche. Je n'étais pas loin de la fin du seul livre emporté.
J'ai aussi acheté du fil et des aiguilles. Laëtitia ayant un leggings de sport avec une couture qui avait lâché j'ai pris des aiguilles spécial jersey : erreur !
Alors que je retrouvais mon moyen de déplacement mes filles m'ont téléphoné pour me dire qu'elles étaient arrivées à Morlaix et qu'elle m'attendaient à la chocolaterie "Le Grain de Sail" !
Nous avions prévu cette halte gourmande. J'avais regardé un documentaire il y a quelques temps sur cette enseigne qui utilise un bateau à voile pour emporter des marchandises et revenir avec du café et du chocolat. Nous avons fait quelques achats cadeaux et gourmands.
Pour rejoindre notre logis du soir les filles ont opté pour la voiture. Le trajet de l'après-midi n'avait pas été aussi chouette que les précédents et elles étaient un peu fatiguées. De plus il ne restait que de la ville.
Le monsieur attendant trois randonneuses à pied et a été surpris de voir arriver une voiture !
C'est Laëtitia qui avait fait les recherches pour nos logis. On avait opté pour de l'original si c'était possible. Et là c'était vraiment original : une cabane dans un arbre.
Le monsieur nous a présenté la cabane qu'il avait construite avec le plus de récupération possible. Il a tout fait sauf l'électricité. Sa cabane a eu plusieurs étapes et est dotée maintenant de deux niveaux. C'est un bijou d'originalité avec plein de petits détails et un grand confort. Nous étions enchantées. Il y avait même un kouign amann sur la table pour notre goûter.
L'arbre, un châtaignier, continue de pousser. Son tronc énorme est dans la chambre du bas, une branche passe dans la pièce à vivre et le tronc continue à l'étage. Régulièrement des branches sont taillées.
La chambre
Il y a une belle douche à l'italienne dans la salle de bain, des toilettes sèches, la chambre et la pièce à vivre avec le coin cuisine et à l'étage une belle pièce avec un comptoir en triangle autour du tronc, un canapé dans un coin et deux lits superposés.
Balançoire dans la pièce à vivre
Grande table et petites fenêtres variées
Le coin cuisine
Nous avons pris nos aises. Les filles en haut et moi dans la chambre avec l'arbre.
J'avais emporté mes deux tapis de yoga et nous les avons déroulés après une bonne douche pour une séance en musique car contrairement à la chaîne du premier soir celle-ci avait une prise USB pour que Manon branche son téléphone. Une musique zen a accompagné nos étirements.
Un peu de couture avant de percer mes ampoules. Mon infirmière a poussé de grands cris lorsqu'elle m'a vu mettre du fil dans le chas de l'aiguille. J'allais faire entrer les microbes sous ma peau ! J'ai toujours percé mes ampoules de la sorte en laissant le fil ; le matin je tirais sur le fil et l'ampoule était sèche. Du coup je l'ai laissée faire. Sauf qu'une aiguille à jersey ce n'est pas très pointu et qu'il a fallu s'y reprendre à plusieurs fois pour arriver à percer la peau. J'ai dû perdre au moins 100g avec toute l'eau qui est partie !
Nous nous sommes préparées un délicieux rizotto végétarien avec champignons et brocolis accompagné du reste de vin blanc du plat.
Manon avait emporté un jeu de cartes et nous avons décidé de jouer à la belote.
Là tout a dérapé.
J'ai joué à trois pendant des années avec mes parents. Nous jouions à 4 lorsque nous allions chez les grands-parents. Avec mon grand-père paternel d'un côté ou ma grand-mère maternelle de l'autre. J'étais toujours en équipe avec Papa ou mon grand-père et nous gagnions la plupart du temps. Il m'est arrivée d'être en équipe avec un grand oncle paysan qui faisait des tournois au bistrot du village. Là c'était la gagne assurée. Il savait quelles cartes étaient les mains des joueurs !
Lorsque j'ai rappelé les règles, Manon m'a soutenue que je me trompais totalement. Je suis restée sur ma position et Laëtitia s'est rangée avec sa sœur. Leurs propos et leur ton étaient brutalement violents et laissaient entendre que je ne savais rien du tout. Nous avons consulté internet et même là devant l'évidence elles restaient sur leur position.
J'ai quitté la table, je suis allée dans la chambre lire à côté de "mon" arbre". J'ai été très choquée surtout de la violence de mon ainée. La petite part très vite et est toujours persuadée d'avoir raison comme son Papa mais Laëtitia est plus mesurée.
Au bout d'un moment Manon est venue me demander de venir jouer. J'ai d'abord décliné car je ne voyais pas comment jouer autrement que selon les règles officielles de la belote confirmées par le net. Sans dire que j'avais raison Manon a laissé entendre qu'elles avaient peut-être mal interprété les règles sur le Net.
J'ai cédé bien qu'il n'y ait eu aucune excuse ni regret. J'avoue que j'ai été déçue du comportement de mes filles.
La fatigue est arrivée avant de finir la partie mais Manon menait et sa "victoire" lui faisait oublier son accès de colère. Si elle avait été la dernière (qui était ma position) elle aurait certainement vu les choses autrement !
Tout le monde est parti se coucher. J'ai repris mon livre avant de sombrer sous les assaut du vent qui faisait tomber les coques sur la toiture.
Dort-on bien à côté d'un arbre ?
A suivre...